une parenthèse qui va sans doute être appréciée ou détestée .
mon jugement de garçon sensible à ce sujet restera inchangé.
je vous le livre brut , avant correction . (merci de me signaler des fautes) ;-)
nous sommes le 25 décembre 1988.
" Mon gentil Pierre m’avait préparé un bel
accueil, lui aussi. Un dîner de Noël aux chandelles était apprêté devant le
coin cuisine. Une odeur de crustacés au four embaumait tant, qu’un haut-le-cœur
me rappela que j’avais déjà trop mangé à midi. Il s’affairait à demi-nu dans
son mini slip qui lui moulait si bien ses belles fesses rondes. Mon nouveau sac
de sport qui débordait de paquets attira sa curiosité, et il me félicita
d’avoir une belle et grande famille généreuse.
Il avait de son côté, passé quelques heures
chez sa mère âgée, seule et fatiguée. Quelques heures de réconfort autour de
leurs souvenirs heureux sans repas gargantuesque ni petits paquets, avait constitué
pour eux une belle journée heureuse. Il avait ensuite fui la maison familiale à
l’arrivée d’une sœur malgracieuse affublée d’une tribu de gamins
insupportables. Les yeux rieurs de cette vieille maman s’assombrirent aussitôt
en regard de détresse résigné : « Ne me laisse pas seule avec eux ! »
, mais elle resta digne et en apparence, impartiale.
C’est un point commun à de nombreux gays
ça : le lien maternel. Un affectif protecteur dans les deux sens, et une
bienveillance réciproque sans faille pour veiller l’un sur l’autre et qui s’amplifie
avec le temps et l’âge croissant. C’est un grand mystère insoupçonné pour
les autres : des enfants mariés et eux même parents, continuent de ne voir
leurs parents que comme des soutiens matériels, psychologiques et financiers,
alors qu’au contraire ils devraient les ménager. Ne pas déverser sur eux leurs tracas
de couples, de mauvaises gestions bancaires ou d’éducations des enfants. Ils ont
déjà eu leurs lots de soucis tout au long de leurs vies, et aspirent à une
retraite heureuse. Je savoure, entre parenthèse, la truculente tirade de Maria
Pacôme dans « la crise » en écrivant ceci. Mes petits poussins !
Quel chef d’œuvre !
Cet étrange lien mère/fils gay porte un nom
qu’il faudrait inventer : un savant mix d’amour, de respect mutuel et de
gratitude sans concessions. Je ne l’avais pas complètement identifié à cette
époque-là car en absence de coming-out, celui-ci restait latent. Mon éloignement
géographique, et les voyages en bateau avait un peu faussé le mien, qui restait
un contact téléphonique classique. Pierre en faisait une priorité, car sa mère
affaiblie par l’âge et son isolement dans ce hameau du centre-Var, avait plus
besoin d’un soutien désintéressé au quotidien, que de visites occasionnelles
d’enfants et petits-enfants gesticulants qu’elle ne voyait que pour réclamer
des cadeaux d’anniversaires ou de Noël. Nous étions, lui et moi, bien en phase sur
ce point évident de savoir vivre. "